Espace Uemoa: Voici les secteurs d’activités durement touchés

Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a tenu, le lundi 22 juin 2020, sa deuxième réunion ordinaire au titre de l’année 2020. Cette séance de travail s’est déroulée par visioconférence à partir des locaux de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et a été présidée par Monsieur Tiémoko Meyliet KONÉ, Gouverneur de la Banque Centrale, par ailleurs Président statutaire dudit Comité.

Au cours de cette réunion, le Comité a passé en revue les principales évolutions de la conjoncture économique internationale et régionale durant la période récente, ainsi que les facteurs de risques pouvant affecter les perspectives à moyen terme d’inflation et de croissance économique de l’Union. Examinant la conjoncture internationale, le Comité a noté la propagation rapide de la maladie due au Coronavirus ou Covid-19 à l’échelle mondiale et l’ampleur des mesures prises pour son endiguement. L’activité économique s’est ainsi fortement ressentie des perturbations dans les chaînes de production, de distribution et de commercialisation, ainsi que d’une montée des incertitudes entourant les perspectives. Selon le Fonds Monétaire International, le taux de croissance de l’économie mondiale ressortirait à -3,0% en 2020 contre 2,9% en 2019. Cette forte récession montre l’ampleur de l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur l’activité économique mondiale.

Sur les marchés internationaux, les cours des matières premières, excepté l’or, ont connu une forte chute durant les premiers mois de 2020, en lien avec la crise sanitaire de la Covid-19. Les mesures prises par les États à travers le monde, pour limiter la propagation de la maladie, notamment les fermetures de frontières et les mesures de confinement, ont fortement perturbé les chaînes de production internationales, induisant une baisse de la demande de matières premières. Les prix de l’énergie ont enregistré un recul de 18,4% durant le premier trimestre 2020, après une progression de 1,7% le trimestre précédent. Les cours des produits de base non énergétiques se sont également inscrits en repli de 0,7% sur le premier trimestre 2020, après une hausse de 1,9% au trimestre précédent.

Au titre de la conjoncture interne, le Comité a relevé que l’activité économique a connu un fort ralentissement. Le PIB de l’Union a progressé, en glissement annuel, de 3,3% au premier trimestre 2020, après 6,5% un trimestre plus tôt. Cette décélération de l’activité économique est surtout imprimée par le secteur tertiaire, dont la contribution à la croissance a baissé de moitié par rapport au trimestre précédent, reflétant ainsi les premiers impacts de la propagation de la pandémie notamment dans les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, des transports et du commerce. Pour l’ensemble de l’année 2020, les prévisions réalisées par la Banque Centrale tablent sur un taux de croissance économique de l’Union de 2,6% contre une prévision initiale de 6,6%.

L’exécution des budgets dans les États membres de l’UEMOA s’est fortement ressentie, au premier trimestre 2020, de la pandémie de la Covid-19. En effet, les Gouvernements ont engagé des plans de riposte qui se sont traduits par une baisse des recettes et une hausse des dépenses entraînant une aggravation du déficit budgétaire. Le déficit budgétaire, base engagements, dons compris ressortirait à 922,1 milliards ou 4,5% du PIB à fin mars 2020 contre 222,5 milliards ou 1,1% du PIB à la même période de l’année précédente.

La situation monétaire de l’Union a été marquée, au premier trimestre 2020, par une légère accélération du rythme de progression de la masse monétaire, en glissement annuel, en liaison avec le rebond des actifs extérieurs nets ainsi que l’accroissement des créances intérieures. Les réserves de change de l’Union se sont renforcées sur une base annuelle, assurant 6,3 mois d’importations de biens et services à fin mars 2020.
Le taux d’intérêt moyen trimestriel des appels d’offres hebdomadaires d’injection de liquidité s’est nettement orienté à la baisse, en ressortant à 2,69% contre 2,98% le trimestre précédent. Depuis le mois d’avril 2020, il se situe à 2,50%, en liaison avec les injections de liquidité au taux fixe de 2,50% lancées par la Banque Centrale pour lutter contre les effets néfastes de la crise sanitaire. Abordant la situation de l’inflation dans l’Union, le Comité a relevé que le niveau général des prix à la consommation a augmenté durant le premier trimestre 2020. Le taux d’inflation est ressorti à 1,2% après -0,6% un trimestre plus tôt. Cette situation est liée au rebond des prix des produits alimentaires. A l’horizon de huit trimestres, le taux d’inflation se situerait à 2,2%, en glissement annuel, en ligne avec l’objectif de stabilité des prix poursuivi par la Banque Centrale.

Notant que les plans de relance mis en place par les États et l’assouplissement progressif des restrictions de déplacement devraient conduire à un redémarrage de l’appareil productif, les membres du CPM ont décidé d’accompagner cette dynamique, en baissant de 50 points de base les taux directeurs de la Banque Centrale. Le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité passe ainsi de 2,50% à 2,00% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal est ramené de 4,50% à 4,00%. Cette décision entre en vigueur à compter du 24 juin 2020. Par ailleurs, le Comité de Politique Monétaire a relevé que la situation de constitution des réserves obligatoires par les banques reste confortable. Sur cette base, le Comité a décidé de maintenir inchangé le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union, qui demeure fixé à 3,0%.
Bceao

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