Financement du programme économique de la Côte d’Ivoire: Les Ivoiriens appelés à mettre la main à la poche

Face à la rareté, à l’indisponibilité de ressources financières et aux difficultés rencontrées sur le marché international, les États africains repensent autrement leurs économies. Le cas de la Côte d’Ivoire avec sa nouvelle annexe fiscale, entrée en vigueur depuis le 9 janvier 2023.

Arrêté en ressources et charges à 11 694,4 milliards de Fcfa, le budget de finance au titre de l’année de 2023 connaît une progression de 8,9% par rapport à celui de 2022. Mais la réalisation dudit budget devient de plus en plus une énigme pour l’Etat ivoirien, en raison de certains contingents nouveaux dont l’impact continu des effets du covid-19 et la crise ukrainienne qui s’imposent à lui. Toute chose qui amène le gouvernement à revoir sa stratégie politique de mobilisation de ressources financières. D’où la priorité qui est désormais accordée à la mobilisation interne de ressources financières, comme le souligne la nouvelle annexe fiscale, entrée en vigueur depuis le 9 janvier 2023

RECOURS AUX RESSOURCES INTERNES

Recourir aux ressources internes pour le financement de l’économie nationale, c’est ce que préconisent désormais les autorités ivoiriennes. Mais cette volonté politique affichée par le pouvoir d’Abidjan est loin d’être un simple choix délibéré. Dans les arcanes des finances, l’on brandit le contexte international qui aurait imposé ce choix aux pays en développement ou à économie intermédiaire ou encore en situation d’émergence dont fait partie la Côte d’Ivoire. Cette situation est due en grande partie aux effets continus de l’impact du covid-19 et de la crise ukrainienne.

COMPTER SUR SES PROPRES RESSOURCES POUR ASSURER LE DÉVELOPPEMENT LOCAL

L’indépendance économique, c’est la capacité d’un État à pouvoir satisfaire ses besoins en financement sans forcément recourir aux apports financiers extérieurs. C’est dans cette dynamique que l’État ivoirien veut bâtir son économie. L’avantage à opter pour ce choix est d’un double enjeu majeur pour la Nation ivoirienne et ses gouvernants:

Premièrement, réduire la dépendance du pays vis-à-vis des partenaires financiers extérieurs (Institutions de Breton Woods…) devenus désormais des paniers à crabes pour de nombreux pays, à cause du taux trop élevé sur les prêts accordés aux États qui en font la demande. La Banque mondiale, dans son dernier rapport sur ‘‘Les dernières Perspectives économiques mondiales’’ évoque le fait que les capitaux mondiaux soient absorbés par les économies avancées confrontées à des niveaux de dette publique extrêmement élevés et à des taux d’intérêt en hausse.

L’Institution financière souligne également que la faiblesse de la croissance et des investissements des entreprises aggravera les reculs déjà dévastateurs en matière d’éducation, de santé, de réduction de la pauvreté et d’infrastructures, ainsi que les nécessités liées au changement climatique. Une alerte (rouge) pour de nombreux États dont la Côte d’Ivoire qui s’est engagé dans de nombreux chantiers (infrastructures), sans oublier les charges du personnel administratif, de l’armée, de la police, de la gendarmerie…qui croissent d’année en année. Au regard de ces charges et du contexte international, c’est devenu urgent pour le pays de repenser sa politique de collecte de fonds le besoin de ses financements. Ce qui peut justifier son choix de s’orienter sur son propre marché, moins contraignant.

Deuxièmement, en optant pour la mobilisation des ressources nationales, l’État ivoirien, comme bien d’autres pays, voudrait, même sans vouloir le dire clairement, être non seulement moins dépendant des Institutions financière internationales, mais également réduire considérablement le poids de sa dette extérieure, en s’abstenant de toute opération d’emprunts sur le marché international. Car, bien vrai que les dettes sont faites pour des réalisations, mais il n’empêche que tôt ou tard, l’argent emprunté sera restitué aux prêteurs y compris bien sûr les taux d’intérêts. Ce qui constitue ou a jusque-là constitué un fardeau d’étranglement pour de nombreux États africains devenus encore plus pauvres, à cause du poids des dettes à n’en point finir. Avec le nouveau système mis en place par les autorités ivoiriennes, tout porte à croire qu’Abidjan veut rompre avec les habitudes du passé. Mais pour le faire, cela a un prix.

D’où l’appel à chacun à s’approprier la notion du nationalisme économique. Ce qui voudrait dire que pour la cause nationale, tout le monde est appelé à mettre la main à la poche.

TOUT LE MONDE APPÉLÉ A METTRE LA MAIN À LA POCHE

Mettre la main à la poche, veut dire que, quand on est Ivoirien, opérateur économique, entrepreneur, artisan ou commerçant, on doit accepter de payer ses impôts. Car, c’est avec la somme de tous les montants collectés que l’État peut financer le développement. Raison pour laquelle, payer ses impôts, ne doit pas être vu comme un fardeau. Bien au contraire, cela doit s’accompagner avec un sourire, comme ne cesse de répéter Ouattara Sié Abou, Directeur général des Impôts. Car, pour celui qui le fait, cela démontre son amour et son attachement à la patrie. Et il doit être fier de sa contribution au développement socio-économique du pays. C’est pour cette raison que, de plus en plus, l’État, à travers sa Direction générale des Impôts, élargit l’assiette fiscale aux secteurs d’activités moins fiscalisés, de sorte que chacun puisse apporter sa contribution. Cette volonté affichée du gouvernement est encadrée par l’annexe fiscale de la loi de finances n° 2022-974 du 20 décembre 2022 portant budget de l’État pour l’année 2023.

DES MILLIARDS JUSQUE-LA, ÉCHAPPENT A L’ÉTAT

Présentant l’annexe fiscale de la loi de finances n° 2022-974 du 20 décembre 2022 portant budget de l’État pour l’année 2023, le 10 janvier dernier à la presse, Ouattara Sié Abou a donné quelques précisions, notamment en ce qui concerne l’optimisation et le renforcement de la mobilisation des recettes fiscales. Ainsi, pour ses besoins en financement, l’État ivoirien, dans le cadre de sa politique de mobilisation de ressources fiscales, au titre de l’année 2023, entend miser sur les secteurs sous-fiscalisés et des opérateurs économiques non immatriculés au fichier des contribuables de l’administration fiscale ; la poursuite de la politique sociale du Gouvernement; la poursuite du soutien aux entreprises en vue de la transformation de l’économie et de la favorisation de la création des emplois et de l’auto-emploi des jeunes. Faut-il rappeler que les secteurs sous-fiscalisés et les opérateurs économiques non immatriculés au fichier des contribuables de l’administration fiscale, représentent près de 40.000 milliards Fcfa qui échapperaient à l’État du fait de la faute de certains acteurs qui opèrent dans le noir. Mais désormais, grâce aux nouvelles dispositions, ces fonds qui échappaient aux caisses de l’État pourront être récupérés.
Source : DHM

Aller au contenu principal